Tout est possible : appuyer les possibilités de littératie physique dans le Nord grâce à la ringuette

Publié à l’origine par le Centre de ressources d’information sur le sport, le 21 août 2023.

Par Caela Fenton et Kai Harada Caela Fenton et Kai Harada

Le sport offre une occasion unique aux communautés des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) d’être actives et sociales, en particulier pendant les mois d’hiver lorsque la lumière du jour est limitée et que les températures sont glaciales. Le sport offre aux gens une raison de se rassembler et de continuer à bouger.

C’est pour ces raisons, ainsi que pour mieux servir les communautés autochtones du Nord, que Ringuette Canada s’est associée au Centre de documentation pour le sport (SIRC) et a décidé de revenir dans les Territoires du Nord-Ouest. Selon Erin Van Gulik, directrice de la sécurité et du développement sportif de l’organisme, cela fait plus de vingt ans que les T.N.-O. n’ont pas d’organismes de ringuette et Ringuette Canada voulait changer cela.

Ringuette Canada a fait appel aux fondatrices de Ringuette For All, le duo mère-fille Kim, vice-présidente des opérations de SIRC, et Alexa Gurtler, pour diriger la programmation. Kim, entraineure de ringuette de longue date, était sur le banc pendant la carrière de ringuette de compétition d’Alexa. Après que cette dernière ait subi une série de commotions cérébrales, la famille s’est détournée de la ringuette de compétition pour créer « une équipe pour les enfants ayant des habiletés différentes ». Le couple a fait appel à Gavin Johnson, animateur de sport adapté de longue date, également du SIRC. Thorsten Gohl, entraineur de tennis de table, coordonnateur de la littératie physique pour les 33 collectivités des T.N.-O. et récipiendaire du prix de contribution communautaire Delma Kisoun Memorial en 2023 de Sport North, a servi de guide local et d’hôte pour le groupe.

Semer les graines de la participation à la ringuette

[Kim] Gurtler décrit la mission du voyage comme étant de « semer les graines » pour mettre en place un programme de ringuette dans le Nord. Alors que l’équipe offrirait des ateliers pratiques aux enfants, la mission secondaire de Gurtler était d’identifier les membres de la communauté qui pourraient se faire les championnes et champions du sport après leur départ. Alexa a mis au point des trousses d’entrainement « Ringuette pour tous » afin d’appuyer les entraineurs de joueuses et joueurs d’habiletés diverses. Elle espérait que ces ressources, en plus des appuis en entrainement offerts par Ringuette Canada, pourraient être utilisées par une championne ou un champion communautaire pour mettre sur pied un programme dans le Nord.

Au cours de ce voyage d’une semaine, il a fallu faire preuve de flexibilité et pivoter à de nombreuses reprises. Par exemple, Johnson et les Gurtler sont arrivés à Yellowknife pour découvrir que la ville était au lendemain d’une grève générale et qu’ils ne pourraient pas accéder aux patinoires qu’ils avaient prévu d’utiliser. Cet incident les a incités à se tourner vers la ringuette en gymnase dans une école secondaire locale.

Avant de quitter le gymnase, l’enseignante a demandé à en savoir plus sur ce sport afin d’inclure la ringuette dans son programme d’études pour l’année suivante. L’équipe avait sa première championne potentielle. Les graines étaient semées, malgré le permagel.

L’identification des championnes et champions n’a pas été aussi facile dans certaines des autres communautés. L’équipe a également visité Hay River (population d’environ 3550 habitants) et Fort

Providence (population d’environ 700 habitants). Compte tenu de la population, la participation de 5 à 6 enfants à Hay River a été un succès, en particulier dans une région qui s’enorgueillit de son hockey. À Fort Providence, quatre autres enfants se sont présentés, dont trois avaient des patins émoussés, ce qui rendait le patinage difficile, et a incité l’équipe à changer d’idée.

« Alexa a eu l’idée d’utiliser des chaises. Nous les avons donc poussés tous les trois sur des chaises pendant qu’ils faisaient les exercices avec les bâtons. Je pense que le petit garçon qui savait patiner souhaitait lui aussi être sur une chaise, car nous nous amusions tous beaucoup », explique Kim.

L’une des principales différences identifiées est l’écart entre les types de ressources dont disposent le Nord et le Sud. Par exemple, l’équipe de « Ringuette pour tous » de Gurtler à Ottawa disposait de nombreuses ressources humaines sous la forme de bénévoles, mais elle manquait de ressources financières pour soutenir les athlètes. L’inverse pourrait être vrai pour le Nord, qui dispose d’un soutien financier suffisant, mais manque de régularité au niveau des entraineurs et des bénévoles.

Continuez à revenir : un message pour les organisations sportives qui cherchent à atteindre le Nord

La nécessité de favoriser la cohérence est un point essentiel pour Thorsten, un ardent défenseur de l’accessibilité au sport dans les territoires.

« Les problèmes et les difficultés auxquels nous sommes confrontés dans le Nord sont dus au fait qu’il y a beaucoup de choses qui vont et viennent. Le personnel enseignant, les infirmières et infirmiers, et la GRC vont et viennent. Il n’y a pas beaucoup de constance dans la vie des jeunes », explique M. Gohl.

Cependant, même si la pandémie a été difficile, M. Gohl estime que l’accessibilité accrue des connexions virtuelles est un élément positif pour le Nord : « L’élément le plus important [pour que les organisations du Sud connaissent du succès avec leur programmation dans le Nord] est la permanence et le mentorat. Je pense que les organisations doivent tisser des liens locaux, venir dans le Nord et avoir un contact direct avec les enfants. Ensuite, il peut être intéressant de se brancher virtuellement ou par téléphone pour continuer à bâtir cette relation. »

Gohl insiste également sur la nécessité de mettre l’accent sur le plaisir plutôt que sur l’athlétisme de haut niveau : « Il n’est pas nécessaire d’amener les enfants dans le Sud et de les inscrire dans des programmes de haut niveau pour qu’ils vivent une expérience sportive positive », déclare-t-il.

Les organismes sportifs qui souhaitent introduire un sport dans le Nord doivent également penser en termes d’échelle, selon M. Gohl : « Nous devons nous demander comment développer le sport ici. Est-il possible de mettre sur pied un programme de ringuette dans une communauté qui ne compte que quelques centaines de personnes ? Comment pouvons-nous nous adapter aux besoins de la communauté ? Comment pouvons-nous faire appel à d’autres organisations qui existent déjà pour appuyer ce programme ? »

Pour M. Johnson, c’est là qu’une formation en entrainement pour le développement d’habiletés multiples peut s’avérer un atout. Si les méthodes d’entrainement des habiletés multiples sont souvent utilisées pour faciliter le jeu entre des participantes et participants ayant différents niveaux d’aptitude ou d’incapacité, les principes peuvent également être utilisés pour faciliter le jeu entre, par exemple, différents groupes d’âge. Des stratégies comme l’exemple de Fort Providence, qui utilise des chaises

pour que les enfants ayant des habiletés de patinage différentes soient sur un pied d’égalité, peuvent contribuer à garantir une expérience inclusive.

Conseils de Thor aux organismes de sport qui souhaitent offrir des programmes dans les T.N.-O.

– Travaillez avec un membre de la communauté qui est bien établi et développez un bon rapport.

o Demandez à la communauté ce qui serait le plus bénéfique pour elle.

– Pensez aux besoins spécifiques de la communauté et gardez à l’esprit les circonstances géographiques, sociales et financières.

o Par exemple, la lumière du jour est limitée pendant les mois d’hiver, les populations sont peu nombreuses, les ressources humaines sont limitées.

o Adaptez la programmation aux besoins de la communauté

– Lorsque vous vous rendez dans le Nord, envoyez une équipe qui peut consacrer du temps non seulement aux enfants, mais aussi au renforcement des capacités de la communauté.

– Maintenez la relation virtuellement après la visite afin que les participantes et participants se sentent constamment soutenus.

o Faites du mentorat un élément clé de la planification du programme.

Apprendre du Nord

Comme nous l’avons déjà mentionné, le duo mère-fille de Kim et Alexa Gurtler a fait l’expérience d’offrir des occasions de pratiquer la ringuette à des niveaux d’habiletés multiples au sein de leur communauté à Ottawa.

« Le modèle d’habiletés multiples permet à tous les enfants et à tous les jeunes de faire partie d’une équipe, peu importe leur capacité ou leur incapacité. … Cette approche semble convenir au Nord en ce moment. Tout le monde peut faire partie de l’équipe, quels que soient son âge ou ses habiletés. »

Elle a ressenti la même chose en animant les ateliers dans les T.N.-O., un sentiment de privilège de pouvoir offrir aux enfants une expérience qu’ils n’auraient peut-être pas eue autrement, mais aussi un sentiment d’impuissance quant à la meilleure façon de continuer à soutenir les communautés nordiques une fois de retour chez elle.

Mais la devise de Gohl est « Tout est possible », et cela a déteint sur l’équipe d’Ottawa.

Johnson, qui a grandi en jouant au hockey et qui a suivi un parcours de développement compétitif, a ressenti la même chose : le voyage lui a rappelé l’importance du plaisir et du jeu, et pas seulement de la compétition.

« En tant qu’enfant, je me suis toujours retrouvé dans le courant de la compétitivité plutôt que dans celui de l’inclusion, explique-t-il, mais dans le cadre de mes activités d’entraineur adaptatif, et en particulier lors de ces ateliers, j’ai pu constater les avantages qu’il y a à faire de la place pour tout le monde et à encourager le sentiment d’être actif pour la vie. »

Les conseils de Kim et Gavin pour travailler dans le Nord en tant que représentants du Sud :

– Toujours être prêt à pivoter

o En fin de compte, l’objectif est de permettre aux enfants de s’amuser et à la communauté locale de découvrir un sport. Tant que c’est le cas, les changements en cours de route ne posent aucun problème

– Travailler avec la communauté locale

o Identifiez au moins un guide local qui peut vous apporter son expertise et vous mettre en contact avec le réseau communautaire.

– Aidez à développer les capacités en matière de ressources humaines : ne vous contentez pas de fournir des ressources matérielles.

o Réfléchissez à la manière dont vous pouvez soutenir et former les championnes et champions de la communauté.

L’évaluation du SIRC

Au cours du voyage, le SIRC a identifié des résultats clés compilés dans cette infographie. Parmi ces constatations, citons que dans les quatre communautés visitées, Yellowknife, Fort Providence, Hay River et Behchǫ̀ko, 244 personnes ont participé au programme, dont plus des deux tiers étaient des filles et des femmes. Il s’agit d’une augmentation du nombre de participants par rapport au dernier voyage en 2021 qui comptait 187 participants. De plus, ce sont les jeunes des communautés qui ont été les plus touchés par le programme : 95 % des participantes et participants étaient âgés de 6 à 17 ans.

« C’est le plus beau jour de ma vie… Je pense que TOUT LE MONDE DEVRAIT JOUER À LA RINGUETTE, et c’est formidable de voir ce sport ici, dans les Territoires du Nord-Ouest », déclare un participant au programme.

Des commentaires de ce genre montrent que les communautés ont exprimé leur intérêt et leur enthousiasme à établir des ligues, se porter bénévole et participer à de futurs événements. Grâce à ce regain d’intérêt, le SIRC estime qu’avec le soutien des dirigeants communautaires, il existe un fort potentiel de succès pour les programmes de ringuette dans les T.N.-O.

Le travail n’est pas encore terminé

M. Van Gulik affirme que Ringuette Canada « s’est définitivement engagée à établir la ringuette dans le Nord ».

Bien que l’objectif puisse sembler difficile à atteindre, comme le dit Gohl, un programme de ringuette dans les T.N.-O. n’est pas une fin en soi.

A propos de(s) l’auteur(s)

Caela Fenton, PhD, est coordinatrice du contenu au Comité olympique canadien. Elle est titulaire d’un doctorat en littérature anglaise et est une ancienne élève de Queen’s et de l’Université de l’Oregon.

Kai Harada, étudiant de premier cycle à l’Université Carleton, est inscrit en communication avec spécialisation et en études des médias.

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